Quelques récits du marathon de Valencia 2025
Fort d'une délégation de plus de 25 athlètes, le RCB-GAL a brillé de mille feux au très attendu marathon de Valence. Pas mal de néo marathoniens qui se sont heurtés ou pas à la dure expérience de la distance reine! Une température un peu trop élevée, des performances à couper le souffle, des déceptions parfois cruelles, des surprises inattendues, des rois du bitume, des crampes surgissant sans prévenir… mélangez le tout et vous obtenez un week-end intense, riche en émotions sportives, où chaque foulée raconte une histoire. Oscar Agrell
Oscar Agrell et Zacharie Paquet se dirigent vers la zone de départ au soleil levant
Le marathon, c’est la distance mythique et l’objectif fou que se sont lancé une vingtaine de membres du RCB il y a un an.
Après une préparation de 13 semaines signée Vic Terrier, le club peut partir sereinement et avec engouement à l’assaut des 42,195 km qui nous attendent.
Pour ma part, je suis très satisfait de ma forme à l’abord de la course. La préparation ne fut pas parfaite, mais j’y ai pris un plaisir immense, accompagnant chaque dimanche la délégation du RCB au parc de Tervuren et étant fidèle au poste lorsque les repas spaghettis pointaient le bout de leur nez.
Le jour J, enthousiaste, je rejoins la ligne de départ et y retrouve tous ceux avec qui j’ai partagé cette préparation : le coach Victor, Pieter, Benjamin, Lucas et André.
On s’élance à 8 h 15. Mon objectif est de terminer sous les 2 h 30, donc je ne perds pas de temps et me règle tout de suite sur 3’30/km, et les premiers kilomètres défilent comme une horloge. Ce qui compte sur marathon, c’est la régularité, et pour l’instant la réalisation est parfaite. Mes sensations sont bonnes, ce qui me rassure car je craignais la chaleur les jours qui précédaient. Il fait en effet plus chaud que d’habitude, avec 15 degrés au thermomètre, mais le soleil n’est pas encore levé ; en buvant bien à tous les ravitaillements, c’est tout à fait supportable.
Ma montre bipe à tous les kilomètres et affiche l’allure effectuée, toutes comprises entre 3’27 et 3’33/km. Je passe au semi en 1 h 14’15’’, dans les temps de passage voulus. Au 28e kilomètre (moment clé de mon précédent marathon, deux ans auparavant), les deux tiers de la course sont effectués et je me sens encore relativement bien. Je prends mon avant-dernier gel et je continue sur ma route sans accrocs. À ce moment-là, je crois dur comme fer que je parviendrai à réaliser mon objectif, mais tout peut arriver sur marathon, même l’inattendu.
À partir du 30e, la route s’élève pour la première fois, et au 33e je connais une première légère baisse de régime. Je parcours 2 km en 3’40 de moyenne et, arrivant au 35e, je sors mon dernier gel (Maurten), l’ouvre et en prends une gorgée… Et là, sans prévenir, mon ventre ne pouvant plus avaler quoi que ce soit, je vomis malheureusement tout ce que j’ai avalé jusqu’à présent. En un instant, ma course prend une tournure que je n’avais absolument pas vue venir. Je vois mon coach Victor passer à toute allure sans pouvoir faire quoi que ce soit. Je suis un peu dépité, mais je garde la tête froide : je suis au 35e, j’ai effectué une excellente course jusque-là. Je ne peux pas m’arrêter là, c’est certain. Donc je repars comme je peux pour essayer de finir ce marathon.
Les 7 derniers kilomètres s’apparentent plus à de la survie qu’à de la course, mais dans un premier temps je parviens à me relancer à une allure de 3’45, puis 3’50, puis 4’05/km. J’arrive au 39e kilomètre et, de nouveau, je me remets à vomir sur le bord du parcours, plusieurs fois consécutivement, à côté de spectateurs qui ne peuvent rien pour moi, mais qui m’encouragent tout de même.
Je dois marcher quelques instants, puis je repars, complètement vidé. Je vois Benjamin me dépasser et désormais je n’ai plus qu’une hâte : arriver à la ligne. J’avance comme je peux, à 4’20/km. Je me fais dépasser en boucle et je subis ce qu’on peut appeler le fameux mur du marathon, que je pensais pouvoir éviter quelques kilomètres auparavant.
J’arrive enfin à la ligne et, après mon sprint le plus lent à ce jour, je passe la ligne en 2 h 35’42’’. Pas exactement ce que je souhaitais, mais c’est la dure loi du marathon. Je finis malgré tout plus de deux minutes devant mon précédent record, avec la satisfaction d’avoir réalisé une grande course jusqu’au 35e kilomètre, qui aurait pu aller au bout si mon ventre avait tenu. Qui sait ?
Je repars de Valence sans le chrono espéré, mais en ayant passé un excellent week-end avec le RCB et en étant fier de la course que j’ai faite. Le marathon reviendra — pas tout de suite — mais l’histoire n’est pas encore finie ✌
Benjamin De Greef
Benjamin dans la difficulté des derniers kilomètres…
Après une super prépa, je me rends à Valence pour mon 1er marathon.
Je rentre dans les sas avec Lucas vers 7 h 55, soit 20 minutes avant le départ. Un dernier coucou aux copains du sas voisin et c’est parti pour 42,195 km !
Le départ est lancé et il y a tellement de monde qu’il est difficile de trouver son rythme pendant les premiers kilomètres. Après la jonction entre les deux premiers sas (l’un partait côté gauche de la route et l’autre à droite), je commence à chercher Victor. J’aurais bien aimé courir avec lui, mais il y avait tellement de monde qu’on ne s’est pas vus avant le 25e kilomètre.
La course se passe très bien pendant 15 km, avant que la digestion des gels ne devienne compliquée. J’ai des nausées jusqu’au 20e, mais je parviens à maintenir le rythme. Ensuite, tout se passe bien : Victor me rattrape au 25e kilomètre, m’encourage à le suivre et on part sur un rythme effréné jusqu’au bout. Enfin, pour sa part (encore bravo, quelle course !), car pour moi, ça a été différent.
En réalité, je ne l’ai tenu qu’un kilomètre avant d’avoir les cuisses qui commencent à me faire mal. Je suis obligé de légèrement ralentir, avant que, 3 km plus loin, la douleur s’intensifie et que chaque pas devienne trop douloureux. À partir de ce moment-là, je ralentis beaucoup, les kilomètres deviennent interminables et je commence à douter de ma capacité à terminer.
Je lutte pour ne pas marcher. Je repense à toute la prépa, aux copains qui courent aussi aujourd’hui. Je pense à Arthur, qui m’a encouragé il y a quelques minutes et qui, blessé, n’a malheureusement pas pu prendre le départ. Je pense également à mes grands-parents, ma tante et mon frère, qui sont venus m’encourager. Je suis obligé d’aller au bout, alors je m’accroche. Je calcule rapidement : si je maintiens ce rythme, je suis encore sous les 2 h 35.
J’arrive à accélérer un petit peu jusqu’au dernier kilomètre. La dernière ligne droite est interminable… Je passe enfin la ligne d’arrivée et je vois le chrono : 2 h 33’29. Super fier d’être arrivé au bout et de n’avoir perdu « que » 3’30 sur l’objectif, malgré une fin de course difficile. Pas trop d’émotion en passant la ligne d’arrivée ; il a fallu attendre de recevoir la médaille pour verser une petite larme.
Je retrouve Victor et on débriefe rapidement. On est vite rejoints par Pieter, Oscar, Grégoire et André, qui arrivent au compte-gouttes. Fin de course compliquée pour certains, mais on est tous arrivés au bout !
La journée n’est pas encore finie, parce qu’on avait prévu d’aller voir un match de Liga avec Antoni, Esteban, Gilles et mon frère. Pas le match de l’année, mais une chouette expérience (sauf les interminables escaliers pour rejoindre nos places).
Enfin, le soir, on s’est réunis avec (presque) tout le groupe autour d’une bonne paella pour fêter toutes les belles perfs et remercier le coach de la prépa !
Le débrief est déjà assez long que pour parler des quatre super jours qu’on a passés à l’Airbnb avec les copains (on se remet ça quand vous voulez).
Au final, ce n’est certainement pas ma plus belle course, mais la prépa était géniale et je ne peux qu’être content de l’expérience.
Merci à tous ceux qui m’ont accompagné pendant le week-end et tout au long de cette prépa, et qui ont rendu ce premier marathon inoubliable.
Lucas Dupuis
Premier marathon mené de main de maître !
Après une prépa exceptionnelle avec un groupe tout aussi exceptionnel, Benjamin et moi rejoignons calmement notre box vers 8 h, où Pieter et Victor nous retrouvent. Dans ma tête, le plan est simple : faire toute la course avec Pieter. On part sur les mêmes bases, et sa présence me rassure énormément.
Au fond, je ne suis pas très confiant. Je sens monter le stress et je le partage avec Victor. Il trouve tout de suite les mots justes : il me conseille de découper ce marathon en petites distances, de le prendre morceau par morceau. Ça m’apaise vraiment et je décide de m’accrocher à cette idée pendant toute la course.
Les 15 premiers kilomètres s’enchaînent alors à l’allure parfaite avec le boss Pieter Cardinael. Je me sens porté par le rythme, par l’ambiance, par tout ce qu’on a construit pendant la prépa. Puis, petit à petit, je me retrouve avec une autre personne et à distance du groupe de devant, qui commence à s’échapper. Je sens que c’est un moment clé. Je prends mon couteau entre les dents et je décide de revenir, sans paniquer, juste en grattant mètre après mètre, avec cette personne que je ne connais pas encore, mais avec qui je vais finalement faire presque toute la course.
Au semi-marathon, je suis très bien, presque trop bien. Je me surprends même à être en avance sur mes sensations ; alors je garde le même rythme et je remets une légère couche, avec en tête une seule peur : ne pas exploser au 30ᵉ. Le fameux mur dont tout le monde parle, celui qu’on redoute, celui qu’on dramatise un peu aussi. Je l’attends, je le crains… et finalement, il ne vient pas. Ma nutrition est parfaite pour moi : quatre gels sur toute la course, pas plus, pas moins, juste ce qu’il faut.
Au 30ᵉ, je dépasse André, qui a l’air de vraiment souffrir. D’un coup, je me demande si mon tour va aussi venir, si je vais réussir à tenir ou finir par craquer, même si, à ce moment-là, je me sens encore très bien.
Au 35ᵉ, forcément, les jambes commencent à se durcir. Les quadriceps tirent, les ischios se raidissent, chaque foulée pèse un peu plus lourd. Mais dans ma tête, ça reste clair. Je pense à toutes les personnes incroyables qui m’entourent, à ceux qui courent en même temps que moi ou qui suivent le live sur l’appli. Je souris simplement en pensant à eux et je pars sur les sept derniers kilomètres.
À partir de là, il n’y a plus qu’à dérouler jusqu’au mythique tapis bleu et à l’arche d’arrivée. Je savoure les derniers mètres, entre douleur et bonheur pur. Et puis, d’un coup, c’est fait. À l’arrivée, une petite larme de joie coule après ces mois de préparation qui m’ont poussé au bout de moi-même, mais que j’ai tout simplement adoré.
Paul Titart
De gauche à droite:
Paul Robert, Françoise Thiéry et Paul Titart au départ du marathon de Valencia 2025
51e marathon (1er en 2002) et 6e de cette année, terminé malgré des soucis tant articulaires qu’autres, en 4 h 46’40.
Merci à tous pour vos encouragements.
Marathon difficile pour moi, malgré une meilleure préparation que de coutume : semi de Colmar en septembre (1 h 56), semi de Bruxelles le 02/11 (1 h 52) et semi d’Alost le 23/11 (1 h 50).
Mais voilà, le jour J est toujours dépendant de mon arthrite rhumatoïde aiguë atypique, et ici ce n’était pas le bon jour : genou bloqué du 3e au 5e, puis du 18e jusqu’à la fin…
Mais voilà, comme de coutume, le moral m’a permis d’aller au bout.
Et dire qu’en 2016, on m’a dit que je ne pourrais plus courir 😛
En route pour de nouvelles aventures, tant sportives que gastronomiques, en 2026 !
Antoni Lo Presti
17 septembre 2025
La radiographie est sans appel. La clavicule est bel et bien cassée!
Le 17 septembre, lorsque j’apprends que ma clavicule est cassée suite à une mauvaise chute à vélo j’aurais signé des deux mains si on m’avait annoncé un tel chrono. Pourtant, c’est avec une pointe de frustration que je passe la ligne d’arrivée en 2h53min et 55 secondes…à 2 secondes de mon RP !
10 jours après ma fracture, mon orthopédiste m’annonce que je peux reprendre la course tranquillement le bras en écharpe et bien tenu. Ceci n’étant pas tombé dans l’oreille d’un sourd, je m’y remets et les douleurs n’étant plus présentes, je retrouve très vite mon volume et ma qualité d’entraînement. Bien accompagné par un grand groupe et bien encadré par un coach qui faisait ses débuts en la matière, la préparation est bouclée de manière plus qu’optimale et je pense même aller pouvoir chercher mon meilleur temps sur la distance !
Arrivé dans une ville aussi embouteillée qu’ensoleillée, nous prenons nos quartier dans un appartement bruyant qui jouxte la gare du nord. Mes bouchons d’oreilles sauveront mes nuits. La colocation avec Victor, Mathilde, Diego, Grégoire et Pieter est très agréable et nos fous rire sont nombreux !
Dimanche à 6h du matin, il fait déjà 14 degrés. La veille, les organisateurs ont envoyé un message pour dire que les températures allaient être plus élevées que d’habitude.
Dans le box de départ, je suis avec Benjamin, Alexis, Esteban, Zacharie. Je leur conseille de partir prudemment parce que la chaleur sur la dernière demi-heure peut vraiment nous jouer de vilains tours.
Le départ est donné et les 10 premiers kilomètres sont courus dans un peloton assez compact. Ce n’est pas des plus agréable surtout pour les premiers ravitos mais ça passe quand même. Mes compagnons de club me devancent légèrement, je reste prudent et les laisse filer. Je passe la mi-course en 1h26 et des poussières. Sur les bases de mon record, c’était le plan initial et il semble tenir la route. Le 25 ème kilomètre, que je considère toujours un peu comme la petite bande-annonce des sensations de fin course, arrive et je me dis que ce marathon ne sera pas des plus aisés. Nous sommes presqu’au 30éme lorsque je rejoins Zacharie avec qui je cours un bout mais qui préfère me laisser filer pour suivre son propre rythme. Je rejoins également Esteban au 32ème qui est victime « d’un gros coup de chaud »selon ses mots. Après avoir tenté une accélération, au kilomètre suivant c’est le coup de bambou. Je n’arrive plus à maintenir l’allure et mes foulées sont moins amples. Je lâche un peu mentalement mon RP et ne regarde plus ma montre. « Profite et arrête cette dictature du chrono » me dis-je intérieurement. Après 37 kilomètres, je sens des débuts de crampes dans les mollets. Ce sera donc la souffrance jusqu’à la fin, pas le choix ! Il reste 500 mètres et ce n’est que lorsque je suis dans la dernière ligne droite que je jette un œil sur ma montre. Mais que vois-je ? Je peux aller chercher mon RP si j’accélère. Je fonce, je sprinte, je vide les dernières gouttes du réservoir mais rien n’y fait. J’arrive 2 secondes trop tard…
Ne boudons pas trop notre plaisir. accomplir sa deuxième meilleure performance sur la distance reine avec une clavicule cassée, c’est pas si mal !
Les chronos du marathon
Victor Terrier 02:29:25
Benjamin De Greef 02:33:29
Oscar Agrell 02:35:42
Lucas Dupuis 02:35:46
Georges-Adrien Naudin 02:37:07
Pieter Cardinael 02:39:40
André Afonso Cruz Garcia 02:42:52
Fredrick Lee-Ohlsson 02:43:41
Grégoire Ranson 02:44:18
Alexis Michel 02:46:37
Antoni Lo Presti 02:53:55
Esteban Sottiaux 02:56:56
Benjamin Huet 02:57:19
Zacharie Paquet 02:59:21
Johan de Mooy 03:12:17
Diego Guerrero 03:11:28
Mathilde Gallou 03:43:05
Wendy Delbart 03:52:13
Françoise Thiéry 04:03:35
Paul Robert 04:11:21
Sabine Morvan 04:12:59
Yves Lobert 04:38:23
Paul Titart 04:46:40