Sandjöbacka-trail 96

Non, non ceci n’est pas le nom d’un nouveau meuble Ikéa

Par Olivier, Stéphane et Nicolas

D’où est venue l’idée de participer à un trail en Suède, en plein hiver,
quand on peut s’organiser un truc de fou en été?

Olivier: Quand un crabe propose une bêtise, il y a toujours bien un autre décapode pour la suivre.

Stéphane: Et si un décapode l’accepte, un gastéropode suivra. 

Nicolas: Cette fois, non ce n’est pas tonton (alias l’homme des bois, alias coach) qui l’a proposée… 

Olivier: Mais bien un 1/2 viking bien connu sous le surnom de Scrat, notre petit écureuil. 

Stéphane: Et ce n’est pas pour ça que c’est moins dingue.

Olivier: Un ultra-trail en janvier en Suède c’est osé, mais Steph, Nico et moi nous avons osé mais seulement sur la 1/2 distance reine à savoir un 96km relativement plat, un petit 2200 de D+ (pour les aficionados du dénivelé). 

Nicolas: Cela faisait déjà un petit moment que je gardais les yeux ouverts à la recherche d’un ultra en hiver - ils ne sont pas si nombreux. En testant trail et chaleur avec tonton aux Escapardennes, j’ai, assez vite compris qu’avec une telle combinaison, un quad m’était nécessaire pour finir. Les critères de sélection étaient donc: neige, froid et +/- 80-120km de distance. Avec mon boulot actuel en Suède, le Sandsjöbacka a été rapidement retenu - il ne restait plus qu’à convaincre d’autres potentiels intéressés. 

Stéphane: Étant quand même le plus sensé de ce trio, une rapide vérification de l’historique météorologique de la région me rassure et finit par me convaincre. Ce sera un OSO avec, au pire, des conditions d’un éco-trail parisien de l’édition 2018 avec un peu de THP 2021… déjà vu. Ce sera donc une simple première expérience avant de tenter un truc plus pêchu et plus au nord. Je signe donc.

A-t-il eu une préparation spécifique pour ce trail?

Olivier: Pour ma part, la prépa n’a pas été terrible, malmenée par une surcharge de travail, un déménagement, les fêtes, une belle grippe tenace (ou du moins un état pseudo-grippal comme on dit) et une entorse une semaine et demi avant la course. Fort heureusement, un beau week-end prolongé dans les Vosges avec un top groupe de membres du RCB ainsi qu’un WE malmédien en compagnie de Jüdith, Steph et du Vince m’ont rassuré sur ma forme un peu en dents de scie ces derniers temps. 

Stéphane: De mon côté, je sors d’un petit trail en Auvergne au mois d’Octobre avec Julie, Vincent et Oli et de quelques jours en novembre dans les Pyrénées; la forme est donc là. Un dernier petit trail (du beaujolais) pour valider le challenge régularité et la prépa est faite. Il suffira de maintenir l’état de forme durant les fêtes. C’était, bien sûr, sans compter sur les stéphanades et les parties urbaines de ce dernier trail où je me suis fait une belle entorse qui m’obligera à lever le pied (sans mauvais jeu de mot, ce n’est pas le genre) près de 3 semaines. A la reprise, le cardio aura bien du mal et lors du week-end malmédien mon ressenti sera assez différent de celui d’Oli. La sortie du samedi dans les Fagnes ne me rassurera pas vraiment ni sur mon équipement ni sur mon état de forme sur une si petite distance. Heureusement ma sortie en solitaire du lendemain sur une libre interprétation du parcours des triplettes ( il y a des signes qu’il faut savoir lire) sera plus encourageante…

Nicolas: Quant à moi, je sors d’un demi Lavaredo 120k en juin, un 60k à Godinne en off avec Oli, et de belles sottises sur *ma* piste de ski à Jursla en Suède, qui constitue la seule vraie préparation pour ce trail. Mais le plus important était ailleurs, j’étais maintenant devenu l’heureux propriétaire de non pas une, mais de deux paires de crampons! 😎 … J’entends encore Oli et Stéphane, nullement intéressés par mes crampons, ricaner:“On aura pas besoin de ça, nous!”.

A quoi pouvez-vous attendre en termes de météo et de type de sentier?

Stéphane: Pour ma part, je ne m’attends pas à de grandes surprises sur le type de parcours. Ce sera roulant, les barrières horaires sont, pour moi, courtes, très courtes. Ce sera un trail de bûcherons à chemises à carreaux. Grosso modo, ce sera des portions de 20km à faire en 3h00, faisable mais il ne faudra pas randonner, faudra toujours relancer et surtout rester vigilant sur tout le parcours. 

Question météo, les prévisions fluctuent de jour en jour. Jusqu’au dernier moment, je ne saurais pas quel équipement emporter et scruter les prévisions météo à 15 jours, 10 jours, 3 jours n’apporteront aucune certitude. Etrangement, c’est durant ce moment d’incertitude que ce trail a pris une autre dimension dans mon esprit en espérant sans trop l’avouer des conditions bien hivernales. 

Nicolas: En effet, avant la course le plus grand point d’interrogation, pour nous, était la météo. On espérait que les températures seraient négatives, afin d'éviter la pluie et la boue, et en même temps pas trop froid (de préférence pas en dessous des -10C°). On savait plus ou moins à quoi s’attendre question terrain et types de sentiers. Pour moi, c’était surtout le verglas dont je me méfiais.

Finalement, comment se sont déroulés les préparatifs 24h avant la course ?

Olivier: Jeudi, Götheborg, nous y voila. Un jour et demi avant la course. 

Chacun de nous a apporté différents types de vêtements de courses afin de pallier tout type de météo. Au final, il a fait moins froid qu’attendu; la semaine précédente on parlait de -15°C dans la ville. Ce sera  -3ºC, il aura neigé abondamment les jours précédents. A notre arrivée en fin d’après-midi, il nous restait plus qu'à faire un petit détour au BnB consciencieusement sélectionné par Nico,  effectuer des petites courses (alimentaires) pour le déjeuner du lendemain et prendre un repas en ville puis dodo.

Stéphane: Ce qui me frappe, en arrivant dans cette ville, c’est le calme. Il y a de la neige partout qui étouffe les bruits. Il fait nuit, les maisons sont toutes éclairées par les lumières intérieures et pourtant on ne voit personne. A 36h de la course, nous ne sommes toujours pas fixés sur la météo. 

Olivier: Vendredi, il a bien neigé, on se balade en ville, on y mange encore et re-course pour le repas de fin d’après-midi après avoir préparé nos sacs de Trail et sacs de délestage. Dodo tôt car la navette bus du samedi est à 4:25 et on a 15min de marche pour aller la chercher. 

Stéphane: Le soleil se couchant vers 16h30, il est assez facile de manger à 17h30 et d’aller se coucher à 18h30. Il suffit de ne pas regarder sa montre mais c’est bien plus compliqué de préparer ses sacs d’autant qu’un stress de dernière minute survient pour moi: L’absence de ma trousse de bouffe. Il a donc fallu aller en catastrophe acheter le nécessaire. Mais que s’est-il passé ? L’aurais-je oublié chez moi ? Apparemment non, puisqu’à mon retour, je ne l’ai pas retrouvé. Oublié ailleurs ? chez Oli ? Le mystère s’est éclairci à mon retour, je l’ai retrouvé dans la doublure d’un de mes sacs laissé chez Oli. A un moment, j’ai cru que c’était de ma faute.

Comment s’est déroulé le jour de la course?

Olivier: Samedi 3:00, debouuuuuut ! Nico a dormi comme un loir. Steph et moi, peut-être chacun 2h, vive le stress d’avant ultra. 

Stéphane: Entendre, finir son sac et arrêter définitivement sa stratégie de course. Si si on peut le faire jusqu’à 30 min avant le début d’une course. J’ai essayé. 

Nicolas: Je descends frais et tout fier avec mes crampons tous brillants, avant de préparer un déjeuner de roi: toasts à l’avocat, oeufs à la coque, l’incontournable fromage blanc avec myrtilles, le café; la totale!

Olivier: Déjeuner rapide…

Stéphane: Moi, je fais comme Oli…

Olivier: douche express direction la gare de Liseberg pour le bus sous les flocons de neige donnant une touche féérique et particulière à ce trail. 5 autres traileurs y montent également. C’est assez calme à cette heure. 

Stéphane: Le trajet en bus ne sera pas différent des autres trajets menant les ultra-trailers à leurs départs. On cherche à gagner quelques minutes de sommeil, à se projeter ou à farfouiller dans son sac à la recherche d’un truc bien au fond mais qui était dans la poche latérale.

Olivier: Après 1h de bus dans une ambiance particulière bien connue des ultra-trailers à scruter la température qui remonte à du 2°C avec un risque de pluie accru, nous voilà au rdv, un lieu assez spartiate, pas chaud, 2 wc dans un autre bloc. Juste le temps de récupérer son dossard, sa balise et déposer le sac de délestage dans la remorque prévue. 

Nicolas: je suis pétrifié de froid, la température avoisinant les -10C* au départ, mais le principal souci est: ne prendrais-je qu’une seule paire de crampons, ou les deux? Demarrerais-je directement avec les crampons? Oli et Steph me regardent avec de grands yeux, clairement réfléchissant à d’autres choses… “Quelqu’un n’a pas vu un Bic traîner quelque part? (...) “et les épingles de sûreté, elles sont où les épingles?!”. Je prépare mon sac de course (qui est mini par rapport aux autres coureurs), et j’attends en silence avec une tension d’avant-course autour de moi.

Olivier: Et puis, hop on est invité à rejoindre la ligne de départ, devant une sorte de manoir. Peu de blabla, et hop, top départ. On est une bonne 50aine sur cette distance. 

Stéphane: Nous serons les derniers à quitter ce pseudo-refuge et à rejoindre la ligne de départ distant de 500m. Je teste un peu le grip de nos chaussures sur ce tapis de neige sur lequel nous devrons courir pendant près de 17h. D’autant que j’ai dû me rabattre sur ma vieille paire aux crampons un peu râpés et déchirés depuis ma sortie à Malmedy car ma nouvelle paire n’est pas adaptée à mes chaussettes.

On est au moins oulàlà…plein.  Bon les chances pour que çà parte tranquillou sont quand même assez faible

Dans ce petit monde du trail, officiellement, deux têtes connues. On ne les reconnaît peut-être pas de loin mais de près… pas davantage

Olivier: Cela part assez vite, une première partie de 8 km autour d’une presqu’ile assez plate suivie d’une alternance de travers tout forestier et de longues portions plates nous occuperons jusqu’au levé du jour, 2h00 de course et d’une 12aine de km. Personnellement, cette course m’évoquait fortement le Legends Trail : de l’humidité, de la boue ou de la neige, du verglas masquant de belles flaques. 

Stéphane: Je serai le premier belge durant une bonne partie de ces 8km, jusqu’à une légère erreur de parcours qui m'entraîne vers les rives d’un lac gelé. Un détour d’une vingtaine de mètres qui me laissera derrière mes compatriotes mais que je rattrape assez facilement, surpris, d’être derrière eux. Je mènerai l’allure jusqu’au 10ème kilomètre au son d’étranges animaux qui ne cesseront de crier derrière moi “Adroate” ou “Agôche”.

Au 10ème km, une succession d’up and down aura eu raison de notre unité et je préfère les laisser partir. Bien mal m’en a pris, car au détour d’un travers tout, avec une trace mal dessinée, je prends le parti de suivre… les traces de lapins me conduisant seul au cœur d’une forêt inconnue sans aucune idée où est la trace et faire demi-tour me semble tout aussi hasardeux. Je ne trouve mon salut que grâce aux lueurs des lampes des derniers concurrents. Je ne les quitte jusqu’à la sortie de cette forêt et entamons une très longue portion plate et totalement dégagée où il ne faut absolument pas perdre de temps et mais en gagner.

Bon là, on est sur la trace, si si. La balise est derrière le sapin

Nicolas: En dépassant quelques coureurs, Oli et moi rencontrons Magnus, à l’allure du viking adepte, qui compte devenir finisher pour la quatrième fois sur le Sandsjöbackatrail 96. Il nous dit qu’il s’épargne pour les rudes derniers 20km. Oli et moi ralentissent le pas. Magnus ne finira finalement pas la course.

Olivier: Nico et moi courons ensemble et loupons le premier ravito au km22 qui est composé uniquement d’un robinet. Steph, légèrement derrière, a pu en profiter. Le tronçon suivant km22 au km36 est plus chouette, constitué d’étroits singles tracks sinueux dans une forêt assez basse, recouvert d’une belle neige et accompagné par le soleil. 

Km36, ravito 2 qui est aussi la « base de vie » avec les sacs de délestage. La surprise est que cette base de vie est en fait une petite tonnelle, sans espace de repos possible. J’ose la soupe de tomates / poivrons avec du pain type Harrys, quelques chips, du café soluble et 2-3 biscuits. Je récupère quelques friandises dans mon sac et décide de partir sans me changer car j’attrape froid dans le vent, les températures ont chuté.

Nicolas: Haleluja! La base de vie s’annonce paradisiaque: une oasis de chaleur dans un désert de neige où les températures se rapprochent maintenant des -5C*, avec l'apparition de vents violents. Ô base de vie, avec tes boulettes suédoises, ton sauna, … L’image a rapidement été brisée quand Oli et moi nous sommes aperçus que la base de vie n’avait en effet pas de… toit. La soupe était servie en demi-portions, le pain nous était jeté comme aux chiens en bout de table (bon, ok, j’exagère, mais le froid nous tapait dans le moral). Olivier y restera 14min30, avant de tracer son chemin; moi, 17min chrono, le temps de demander aux organisateurs si j’aurai besoin de mes crampons. Le cerveau gelé et les bouts de doigts qui virent au violet, je laisserai finalement mes crampons dans le sac de délestage.

Stéphane: La BH pour arriver à ce ravito est fixée à 12h30 soit 6h30 de course, après encore quelques erreurs de parcours, j’y arrive vers 11h45, aidé par une suédoise avec qui je discute tout en nous obligeant à courir même sur les légers dénivelés. Effectivement, la base de vie est une surprise mais est bienvenue quand même. J’y apprécie la soupe prise avec mes propres tartines jambon-fromage et prendrai même le temps de me changer… mais uniquement le haut car comme l’écrit Oli, les températures ont bien chuté.

37 - 55 km

Petite portion de poudreuse même en étant le 49ème à passer

Olivier: Nico me rattrape mais son estomac est chamboulé. Il passe quand même devant mais nous jouons à l’élastique jusqu’au ravito du km55. Le tronçon était très beau avec un passage dans une toundra composée de bosses. Il y fait plus froid (-7°C ?) mais tant qu’on est en mouvement et en gérant les couches cela ne pose pas de soucis.

Stéphane: Le redémarrage à 17min de la BH sera compliqué tant que toutes mes extrémités sont gelées mais au bout du premier kilomètre et les chouettes paysages, les singles enneigés me feront oublier ce désagrément et tout ne sera que plaisir. Malheureusement, le balisage parcellaires et jaune pâles sur fond blanc m’occasionneront d’autres erreurs de parcours qui me seront préjudiciables pour la suite malgré l’aide d’autochtones dont un m’a fait penser au berger liégeois rencontré lors d’une sortie mémorable avec Oli et Laurent. La suédoise laissée au ravito me rattrape avec 2 autres trailers qui lâcheront prise quelques kilomètres plus loin. Quant à moi et ma camarade de course tenterons jusqu’au bout d’atteindre le ravito 55km et surtout la BH, soit 8km à faire en une heure dans une portion up and down. Avec mes erreurs, je n’ai plus de notion de kilométrage et j’échouerai pour 15min. Mon aventure s’arrête ici avec 60km au compteur. 

Olivier: L’ambiance à ce ravito est toujours basique, une tonnelle, eau chaude, bouillon et les classiques chips et biscuits. L’accueil y est chaleureux. 

Nicolas: En effet, j’arrive au ravito du 55ème 4-5min avant Oli, le temps de faire connaissance avec Friedrich, qui me raconte sa vie: un allemand vécu en France, qui a déménagé au Suède pour l’amour (qui travaille d'ailleurs également à LiU), où il y enseigne le français. Il me raconte également que les deux prochains tronçons de course seront plus techniques, et que des crampons étaient souhaitables, surtout après le km 77… Oli me rejoint, et toujours aussi axé sur mes crampons, qui résident au chaud dans mon sac de délestage 20km plus tôt, je lui fais part de la nouvelle. Le réel début de l’aventure ne commencera qu’à partir du km 56.

Stéphane: J’arrive au ravito assez fatigué, cette course contre la montre a laissé des traces. Les bénévoles tout en rangeant le matériel sont aux petits soins. Me proposent une soupe, m’installent dans le camion avec une couverture. Je fais connaissance avec Friedrich, un allemand qui avant de se perdre en Suède, s'est perdu en Normandie prés de Falaise… quasi chez moi. Il me donne des nouvelles de Nico et d’Oli pas très loin devant (c’est relatif) et de ma complice du jour qui n’a pu atteindre la BH à moins de 10min prés. Elle est DNF mais a continué et sera finisher. Je ne regrette donc rien. Friederich me conduira au ravito 76km avant d’être rapatrié à l’arrivée.

La barrière horaire vient de tomber… c’est fini pour moi

…Il me restait plus qu’à m’asseoir et attendre Gaétan et faire un petit somme au pied d’un arbre mais comme j’ai pas trouvé de clou, j’ai continué

56 - 77 km

Olivier: On repart boosté, nous saurons plus tard que Steph aura dû stopper là. Cet avant dernier tronçon est roulant mais les chevilles sont fatiguées par cette course dans la neige. Nico et moi perdons environ 20-30min dans cette partie par rapport aux autres participants, on y rebascule dans la nuit.

Km77, dernier ravito, reste 19km. Ambiance chaleureuse aussi, on y retrouve Friedrich. On y traîne un peu et on nous dit qu’il nous reste 5h pour faire le dernier morceau. 

Nicolas: Au ravito, je vois Friedrich, que j’associe désormais à l’image de mes crampons. Les chevilles et les genoux sont HS du bourdonnement dans la neige. Une chaise: Oli content. Un feu ouvert d’un côté, une chaufferette électrique de l’autre: Nico content.

Cela fait 12h qu’on a pris le départ au château de Tjolöholm. Comme le décrit Olivier, un des organisateurs nous communique qu’on a 5h pour parcourir les derniers 19km. Oli et moi se regardent, rigolent, et s'enfoncent une seconde de plus dans les chaises de camping. Malgré ça, la fatigue et le froid prennent rapidement le dessus, et on se motive pour booster ces derniers 19k en temps record!

Le seul confort des ravitos… mais it’s a trap

77 - 96 km

Nicolas: Km 85-96, statistiques suédoises: 2200d+, dont 700d+ et 700d- dans les derniers 10km. nombre total de chutes: 5, donc 5 dans les derniers 10km. Oli me dit que j’aurais mieux fait de prendre mes crampons.

Olivier: Cette partie, nous rapproche de plus en plus de la ville, on doit y passer plusieurs gros axes routiers dans des zonings de bureaux et entreprises. Sur papier c’était en effet la partie qui s’annonçait la plus vallonnée. La surprise était de taille, le moral est un peu down, il y a eu un redoux, mais tout y est très glissant. Les montées très raides, les descentes se font parfois sur les fesses, quelques chutes pour Nico, on a du mal à avancer. Le terrain est usant. On en a marre. Km82 (environ), je me motive et passe en mode pilote automatique. On regarde la montre, la barrière horaire n'est pas loin, il faut tenir le rythme. On se motive verbalement, zut! On se trompe encore 2x. Nico me dit : reste 1,7km. Je vérifie ma montre, c’est bon, on est dans les temps. 

Nicolas: Le temps restant est calculé: on puise dans le fond d’énergie pour courir, là où le terrain nous l’admet, les petits murs glacés se succédant sans arrêt. Plus que 900m… plus que 600m… et là, caché dans l'obscurité entre les arbres et le reflet de nos lampes dans la neige: les portes du palais d’Odin!

Olivier: L’arrivée est là, avec Steph qui nous attend, 2 bénévoles également dont l’organisateur pour nous remettre la médaille. Big hug avec l’orga et Nico. On finit 35 et 36 èmes sur 53 au départ et 38 finishers, en 16h50 de course. Steph nous dit ne pas être déçu de sa course. Petit ravito d’arrivée, Nico et moi sommes épuisés. Petit taxi pour rentrer au logement puis douche et dodo. 

Stéphane: Le logement n’est qu’à 35 min max mais effectivement personne n’avait envie de rentrer les sacs de trails et de délestage sur le dos alors que les températures, du moins ressenti, étaient à la baisse (plutôt lié à la fatigue car il s’était mis à pleuvoir).

Le lendemain, quel était le sentiment que vous avez éprouvé le jour de la course ? 

Olivier: Dimanche, il fait très moche (vent fort et une neige/pluie), on bougera quand même en ville pour se dégourdir les jambes, si si et se faire un petit resto. 

Nicolas: On avait tellement la bougeotte, qu’on a même pas eu le temps de limer nos crampons.

[Rigolent]

Olivier: Puis, lundi, on emballe tout et retour à Norrköping où Nico travaille et Bxl pour Steph et moi.

Stéphane: Au final, je savais que cela allait être difficile d’atteindre les BH alors effectivement je ne suis pas déçu car j’ai le sentiment d’avoir vécu un truc exceptionnel qui en fait un de mes plus beau souvenir. Malgré tout, je sais que sans ces erreurs de parcours, j’aurais eu l’énergie de faire au moins 20km de plus. Je resterai fidèle à ma philosophie, préférant être non finisher à un trail et avoir pu profiter des paysages, de l’ambiance particulière de l’ultra-trail, de la solitude et d’avoir atteint mes limites que d’être finisher sans avoir vécu tout çà.

Si je devais avoir un regret, ce serait de ne pas avoir vécu l’enfer de la dernière portion.

Stéphane clôture:

“Si t’es finisher à un trail, c’est que tu as mal évalué tes limites, tu finis alors sans rien avoir appris”

Suivant
Suivant

La Ballade du coach au marathon de Francfort